Une villa à Tinos, Architectural Oasis
À Volax, sur l’île de Tinos, un paysage lunaire fait d’énormes roches semblant tombées du ciel sert de décor à une magnifique villa qui oppose au chaos environnant ses lignes sobres et zen. Suivez le guide !
Au centre des Cyclades, Tinos est une grande île agricole de 47 villages. Connue pour ses artichauts cultivés dans la plaine de Komi, pour ses fromages de vache - dont le volaki et le kariki conservé dans une coloquinte - et depuis quelques années pour son vin réputé que l’on trouve aux quatre coins du globe. Comme les villages voisins, Volax était sous la protection de Exombourgo, l’imposante capitale byzantine puis vénitienne de l’île. Construite sur un piton rocheux et réputée imprenable, elle garantissait sécurité et prospérité aux villages sous sa protection. Aujourd’hui, Volax est un adorable petit village touristique aux murs couverts de poèmes de Kazantzaki, de Kavvadias ou encore de Séféris, mais c’est à son paysage unique qu’il doit sa renommée. Des milliers de rochers arrondis semblent être tombés du ciel tout autour du village ! Si une légende locale voudrait y voir le lieu de la Titanomachie, la célèbre bataille opposant Zeus à son père le titan Cronos relatée par Hésiode dans sa Théogonie, la réalité est plus prosaïque. C’est l’érosion qui a donné à ces roches leur forme si particulière. Le granite a ainsi été poli pendant des millions d’années par le meltem qui souffle si fort sur l’île. En Grèce légendes et paysage font bon ménage, ainsi selon la mythologie Tinos est la demeure d’Éole maître et régisseur des vents…
C’est dans ce paysage minéral grandiose que la villa pensée par l’architecte Aristides Dallas s’inscrit toute en verticales et en horizontales. Ses trois bâtiments de béton et de pierre sont reliés entre eux par des corridors de bois qui s'organisent autour d’un patio dans un jeu d’ombres et de perspectives. Aux extrémités se trouvent les deux chambres, la première à deux étages ouvre sur un toit-terrasse, la seconde privilégie un cosy corner avec un hamac au creux du rocher. Le cœur de la villa est un immense volume pensé comme un loft avec, d’un côté le salon et sa cheminée et de l’autre une cuisine d’inspiration moderniste avec une ouverture qui telle une meurtrière horizontale transforme le paysage en tableau vivant. Les vastes baies vitrées brouillent les frontières entre le dedans et le dehors, elles ouvrent d’un côté sur la vue et de l’autre côté sur le patio. Là, impassible au pied des rochers trône un bouddha méditant.
Moderne et intemporelle, la villa offre à vivre un paysage unique. Côté déco, le mix and match est réussi entre minimalisme, photos aux couleurs saturées et objets glanés par Mario le propriétaire lors de ses nombreux voyages. Telle une maison-monde, la villa semble appartenir toute à l’Égée et à son paysage, mais aussi plus largement à tous les lieux représentés qui cohabitent dans cet espace de béton quasi-vierge. Une villa où l’imaginaire à toute sa place et où l’on laisse un peu de soi et de son voyage.