Paros & Naxos, les Cyclades côté campagne
Paros et Naxos se font face, ce sont deux grandes îles de l’archipel des Cyclades. L'une raffinée, l’autre plus discrète, elles attirent pour leur littoral, mais la beauté de leur campagne gagne à être connue !
Un champ de blé fraîchement coupé, les pieds dans l’eau, quelques moutons paissent au petit matin au rythme du léger ressac de la mer. Un kilomètre plus loin, sur la côte occidentale de Paros, le port de Naoussa se réveille doucement. Quelques pêcheurs réparent leurs filets et s'apprêtent à sortir en mer. Les chats rôdent à la recherche d’une proie facile. Les garçons de café nettoient les restes d’une soirée agitée.
Naoussa a beaucoup changé ces dernières années. Oublié, le petit port de pêcheurs bordé de garages à bateaux et d'entrepôts. Aujourd'hui, on slalome difficilement entre les tables des tavernes et des bars qui déchaînent leurs décibels jusque tard dans la nuit. Les ruelles blanches du Kastro - le cœur fortifié du village - se sont peuplées de boutiques branchées, de restaurants sophistiquée et de bars un peu plus calmes que ceux du port.
C'est toujours la mer qui attire à Paros.
Sur cette belle Cyclade prisée des voyageurs, les plages se déclinent à l'envie. Sur la péninsule de Santa Maria, abritées du meltem, on choisira entre beach-bar et plages sauvages, à moins que l'on préfère poser ses valises à l'hôtel Seven Santa Maria et profiter des dunes de sable blond qui bordent la mer. Les amateurs de glisse se dirigeront vers les spots de planche à voile ou de kite surf à Pounta et à New Golden Beach. Et les plus aventuriers exploreront la côte au sud de Dryos à la recherche d’un bout de sable où poser leur serviette.De l’autre côté de la baie de Naoussa on découvrira les rochers de Kolymbithres. Avec leur profil caractéristique, ces blocs de gneiss polis par les vents et la mer, ont créé des petites criques qui ont contribué à faire connaître Paros. Toujours aussi belles, elles sont malheureusement un peu trop fréquentées.
Avant d'arriver à Kolymbithres, à deux pas de la plage, l’hôtel Parīlio a ouvert ses portes en 2018. Restauré par Stamos Hondrodimos, à qui l'on doit aussi l'Istoria à Santorin, l'architecte s'est inspiré de la campagne de Paros, du monolithe voisin de Koukounaries et son acropole mycénienne, mais aussi des monastères fortifiés de Logovarda et des Taxiarches qui se trouvent non loin de là.
En retrait de la côte, sur les hauteurs de Kolymbithres, un vaste domaine verdoyant dénote dans ce paysage aride et rocailleux. Il y a quelques années, Alkis Downward s’est installé dans la propriété familiale et a créé la ferme biologique Petra. En fin de journée, on peut la visiter en sa compagnie et goûter aux produits de l'île avec l'une des plus belles vues sur la baie Naoussa.
Trilogie méditerranéenne
Quittons la côte, pour s’aventurer sur les petites routes de campagne qui mènent au monastère des Taxiarches. Pour atteindre, cette petite forteresse blanche au charme austère, on traverse des champs de blés, d'oliviers, et des vignes. Cette trilogie méditerranéenne est peuplée de quelques troupeaux de moutons et de vaches. En poursuivant vers les villages de Kostos et de Lefkès le relief se fait plus abrupte, les pentes se couvrent de terrasses de culture et les crêtes de moulins à vent. Lefkès, avec son immense église tournant le dos à la mer et ses maisons en amphithéâtre, fut très longtemps la capitale de l’île.En chemin, on s'arrêtera visiter l’atelier de Stelios Ghikas, un céramiste renommé. On peut d'ailleurs dîner des ses céramiques aux lignes simples et pures au délicieux restaurant de Fred Chesneau à Parikia.
Après de nombreux voyages à travers le monde pour une émission qu’il anime sur Canal +, Fred a créé Stou Fred pour avoir un lieu où partager ses découvertes culinaires. « Ici à Paros tout a du goût ! Les fruits légumes sont gorgés de soleil, les poissons sont extra frais et la viande délicieuse ! ». Aller dîner chez Fred, c’est aussi l'occasion de découvrir Parikia et se perdre dans le dédale de ses ruelles. La vie y est plus tranquille qu’à Naoussa et un peu plus authentique. Une yaya étend son linge, une menuisière qui travaille à l'ancienne prépare une commande et derrière les murs de pierre blanchis à la chaux, on aperçoit quelques jardins potagers. Une campagne à la ville !
Au cœur de l’île de Naxos, la plus grande des Cyclades.
Un air de vieille Provence, un paysage jaunit de Sicile, la route qui monte vers Chalki et la plaine de la Tragéa ondule entre les champs de blé, les oliviers, et les bosquets de chênes kermès. Étape sur la route du village Chalki, le temple de marbre blanc dédié à Demeter (VIe s avant JC), la déesse de l’agriculture et des moissons, est niché au creux de la vallée agricole de Sangri et entouré de collines rocailleuses. En surplomb, l’hôtel Ayiopetra s’intègre parfaitement à cet environnement et offre à ses visiteurs la possibilité de vivre au cœur de ce paysage qui semble ne pas avoir changé depuis l’Antiquité.
Autrefois capitale de Naxos avant d'être abandonné, Chalki connaît depuis quelques années un regain d'activité. Les nombreuses maisons cossues au style néo-classique rappellent qu’avant la première Guerre Mondiale ce village comptait plus de 60 enseignes. Les artistes Katerina Bolesch et Alexander Riechardt ont été tous les deux à la fois acteurs et spectateurs du renouveau de leur village. Ils ont ouvert il y a vingt ans la galerie Fish and Olive. Poisson et olive, pour symboliser leurs créations, mais aussi pour exprimer leur choix de vie. Alexander passionné de mer et de plongée-sous-marine est un compagnon de route de de la famille Cousteau. Par amour, il s’est installé au milieu des oliviers millénaires de Chalki. C’est avec passion qu’il fait découvrir les trésors de la Tragéa, ses sentiers, ses églises byzantines ou encore un vieux moulin à eau abandonné.
Le sculpteur allemand Ingbert Brunk a choisi Naxos et son marbre pour créer.Avec sa nature translucide, sa constitution et ses impuretés, le marbre de Naxos est la matière première d'Ingbert qui, en imaginant des formes simples, laisse s’exprimer la pierre.
Au-dessus de Chalki, une piste grimpe, traverse un plateau pour enfin rejoindre le village de montagne de Kinidaros et ses carrières. On y rencontre Yannis Karpontinis qui, à bord de son Land Rover bleu ciel, nous fait découvrir les carrières qui appartenaient à son grand-père. Au milieu de la poussière, c’est un balai de pelleteuses, de camions, de perceuses, de scies à eau, qui façonnent ces cathédrales de pierre éphémères. En continuant, on redescend vers le village de Melanes. Là, dans un vallon verdoyant gisent deux kouroï antiques. Brisés alors qu’ils étaient en train d’être taillés, ils ont été abandonnés en lisière de cette carrière plus de deux fois millénaire. Le marbre à Naxos, toute une histoire !
Au-delà du marbre, l’exploitation de l’émeri a façonné la vie et le paysage de Naxos. Exploité depuis l’Antiquité, le minéral fit la renommée et la fortune de l’île au XIXe siècle. Les montagnes à l’est des villages d’Apeiranthos et de Koronos sont ainsi parmi les gisements les plus importants d’Europe. Des « six villages de l’émeri », Apeiranthos reste le plus imposant, les maisons construites en marbre témoignent de cette richesse passée.