À Naxos, sur une petite place ombragée à l’abri du Kastro vénitien de Chora, une petite plaque discrète indique « La Chapelle Saint-Antoine, artist residency ». Après avoir poussé la porte, un couloir mène rapidement à une belle pièce couverte des photos d’une résidente, Cléo Nikita, qui vient de partir. La série exposée donne à voir son regard sur le travail du marbre et les carrières de Naxos. De part et d’autre, deux ateliers sont couverts de mots... Couchés sur du papier et suspendus, ils flottent dans l’air, ils grimpent aussi à l’assaut de petits morceaux de marbres polis et courent sur le bois d’une longue table. À l’infini racontent l’expérience de la plasticienne Bojana Atlija, son rapport au lieu, au vent, au beau et à la quotidienneté dans l’île. Brillamment mise en musique dans un studio voisin, l’installation invite à la rêverie.

En poursuivant la visite de cette bâtisse XVIIe, on arrive au le cœur battant de la résidence, une immense terrasse aussi agréable que défraîchie. De là, la vue sur Naxos baignée d’un soleil d’hiver est sublime et paisible. Plus loin, au bout de la terrasse, une porte condamnée mène à un trésor oublié : la chapelle qui a donné son nom à la résidence. Les pigeons qui s’y sont installés paraissent insensibles à la beauté des fresques qui ont survécu au passage du temps.

Le principe de la résidence est simple et tient en quelques mots, d’avril à novembre, un mois, deux artistes, deux studios, deux ateliers et une exposition commune.

Arièle, Jean-Bernard et leurs trois enfants sont à l’origine de cette belle initiative. Passionnés d’art contemporain et amoureux de l’île, au point d’y passer la moitié de l’année, ils ont décidé en famille il y a deux ans de donner un coup de pouce aux artistes de tout âge et de tous horizons en leur dédiant ce lieu.

La Chapelle Saint-Antoine est une parenthèse créative au cœur de l’Égée, une fenêtre sur la créativité où le temps suspend son vol.