Une villa dans le Magne, Monolithoi
Entre Kardamily et Oitylo, dans un paysage de piémont aux portes du Magne profond, les villas de Monolithoi surplombent magistralement le golfe de Messénie.
Les routes du Magne occidental, dans le Péloponnèse, traversent des paysages à la végétation dense. Oliviers, cyprès et garrigue s’enchevêtrent peuplant de vert le moindre morceau de terre. Plus on descend vers le sud, plus la route slalome et plus les pentes du Taygète se font escarpées. Nous ne sommes encore qu’aux portes du Magne profond… Bientôt la terre se fera plus sèche, les arbres se raréfieront et la roche apparaîtra dans toute sa nudité.
Au détour d’un virage, on aperçoit deux tours, austères cubes en pierre. Pourtant Aréopoli, la capitale du Magne est encore loin et plus encore Koita ou Vatheia avec leurs maisons-tours plus hautes les unes que les autres. Particularisme architectural maniote, ces tours étaient l’apanage des Nikliens une aristocratie locale, terrienne et belliqueuse, qui défendait ses terres en y érigeant des tours et en menant des vendettas féroces.
De plus près, il s’avère que ces tours sont en réalité deux villas qui interprètent avec modernité l’architecture caractéristique de cette région si particulière du Péloponnèse. Créées par les architectes du cabinet Desypri & Misiari et par le designer d’intérieur Stamos Hondrodimos (ID Laboratorium), elles font dialoguer verticalité et horizontalité, pierre et béton, ombre et lumière, offrant de vastes terrasses et de grandes ouvertures pour vivre dedans-dehors et profiter de la vue splendide sur le golfe de Messénie. Les piscines, rectangles bleu-vert, apportent fraîcheur et couleur à cet environnement minéral et semblent se prolonger à l’infini dans la mer.
Destinées à accueillir chacune une famille ou un groupe d’amis, ces villas jumelles se composent d’un vaste salon, d’une cuisine ouverte sur une salle à manger et de trois chambres dotées de leur propre salles de bain, la plus grande d’entre-elles occupant l’étage de la tour. Pour y accéder, on emprunte un bel escalier suspendu dont l’ombre-portée renseigne, comme un cadran solaire, sur l’avancée de la journée. En écho, les claustras telles des résilles habillant les nombreuses baies vitrées du bâtiment, font danser leurs ombres quadrilatères sur les murs. La décoration est sobre, seuls quelques meubles contemporains peuplent de leur élégance les beaux volumes intérieurs, tandis que des coussins vert jade et céladon apportent de discrètes touches de couleurs à cet ensemble où la pierre est omniprésente. Les villas sont entourées d’un jardin construit en terrasse et planté d’essences méditerranéennes. Entre oliviers, graminées et chênes vélani, d’énormes rochers couverts de lichen affleurent. L’alternance harmonieuse entre le minéral et le végétal rendent les vastes terrasses très agréables, tout comme les belles piscines à débordement où l’on se prélasse en regardant la mer.