À deux heures du port Lavrio, Kythnos est restée relativement authentique. Depuis la route principale, qui traverse l’île du nord au sud, on remarque de nombreuses terrasses de cultures abandonnées, comme autant de traces d’un passé agricole révolu. À quoi pouvait bien ressembler cette Cyclade de 99 km² il y a une centaine d’années ? À sa voisine, la verdoyante Kéa ? Kythnos était connue pour son orge. Cultivée en grande quantité, elle servait à produire la bière de la fameuse brasserie athénienne Fix.

Kythnos compte deux villages principaux, qui se trouvent tous les deux au centre de l’île, Dryopida (Chorio) et Messaria (Chora). Dryopida, qui se distingue des autres villages de l’île par ses toits de tuiles, est un agréable village d’à peine plus de 300 âmes. Ses habitants, qui furent longtemps couvreurs à Athènes, ramenèrent ce savoir-faire dans leur village. La fin de journée est le moment le plus agréable pour découvrir Dryopida. Les enfants descendent jouer sur la place de l’église, certains vendent des galets qu’ils ont peints dans la touffeur de l’après-midi pour se faire un peu d’argent de poche. Les papis et mamies pointent le bout de leur nez et arrosent leurs plantes qui ont souffert de la chaleur. Ils ont toujours un mot gentil pour vous et s’extasient devant les plus petits, leur souhaitant longue vie, leur lançant un « ftou ftou ftou », censé éloigner le mauvais œil. Kyria Maria, en lavant ses volets, nous a recommandé de visiter la grotte, une curiosité géologique en plein centre du village, « c’est l’une des plus grandes grottes des Cyclades », poursuit-elle. Nous lui promettons de revenir la visiter le lendemain. En vérité, ce dont nous avions vraiment envie à ce moment précis, c’était une baignade, pour se rafraîchir enfin.

Quelques kilomètres plus loin, alors que le soleil commençait déjà à décliner et que les parasols colorés prenaient le chemin du retour, c’était à notre tour de profiter de Potamia, une belle plage en arc de cercle bordée de tamaris. Quel bonheur que ces arbres qui tout au long de la journée apportent leur ombre bienfaisante à l’été grec ! Il y a beaucoup (beaucoup) de plages à Kythnos, plus de quatre-vingt-dix paraît-il, avec Skilou, Potamia est notre préférée.

Avant d’aller dîner chez l’ami Fondas Dialismas qui a ouvert en 2020, au pied de la plus belle maison de Chora, l’excellent Margiora, un restaurant qui célèbre le parfum et les arômes des Cyclades, cap sur Yfès, la belle adresse que nos amis nous demandaient plus haut. En surplomb de la plage de Flamorou et à deux pas de son adorable église en blanc et rouge, Katerina Bouleris vient d’ouvrir un boutique-hôtel de dix suites à la simplicité toute cycladique. Ouvrant sur un paysage grandiose, chacune est différente, ici un jacuzzi, là une superbe vasque en terre cuite, ou encore une terrasse avec une vue à couper le souffle. En cette année d’ouverture, on saluera la gentillesse du personnel, l’accueil chaleureux de la patronne et un design réussi.

Au bord de la piscine qui déborde dans le bleu de l’Égée, ébouriffés par les bourrasques du Meltem, nos journées sont ponctuées de questions existentielles : « où va-t-on aller nager aujourd’hui ? », « à quelle taverne dîner ? » Questions auxquelles on a amplement le temps de répondre lorsque la chaleur de l’après-midi nous force à un repli stratégique dans la chambre pour une sieste réparatrice. Des vacances simples, des moments suspendus hors du temps que l’on vole à son agenda dans cette Grèce sans chichi, généreuse et baignée de soleil que l’on aime tant et que l’on a plaisir à retrouver.