Kastellorizo, la dolce vita à la grecque
Dans l’archipel du Dodécanèse, Kastellorizo, petite îles éloignée à l’histoire agitée mais au charme tranquille, invite à goûter à une douceur de vivre toute méditerranéenne.
Une île lointaine au passé bien présent
Le ferry peine à manœuvrer dans le port minuscule de Kastellorizo. Il lui a fallu presque 22 heures depuis le Pirée pour rejoindre la plus petite île habitée du Dodécanèse. Aux confins de la Méditerranée orientale, face à la ville turque de Kaş, Kastellorizo tient son caractère de sa position géographique et de son histoire teintée de gloire et de tragédies.
Le port aux maisons néoclassiques et bigarrées évoque la richesse passée de l’île, quand au début du XXe siècle elle comptait plus de 10 000 habitants et que les hydravions d’Air France ou d’Imperial Airways y amerrissaient régulièrement. Kastellorizo était alors une escale importante sur les routes commerciales entre la Grèce et le Moyen-Orient. Ses commerçants ont ouvert des comptoirs à Djibouti, en Indonésie ou en Australie. Mais, détruite par un séisme en 1926, évacuée par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale, puis dévastée par un incendie en 1944, l’île ne compte plus qu’une poignée d’habitants au sortir de la guerre.
Le film Mediterraneo de Gabriel Salvatores, meilleur film étranger aux Oscars de 1992, raconte une autre histoire, imaginaire cette fois-ci. Celle de huit soldats italiens venus en 1941 occuper ce petit bout de terre grecque. Séduits par la douceur de vivre de Kastellorizo et la gentillesse de ses habitants, ils s’abandonnèrent au farniente ensoleillé de l’île et oublièrent la guerre.
une échapée belle
aux confins de la Grèce
Isolement et douceur méditerranéenne
Poser ses valises à Kastellorizo, c’est prendre le rythme de l’île. Ici, pas de voiture, c’est à pied que l'on découvre les deux petits ports. Ils sont séparés par une crête au sommet de laquelle trônent les restes d’un château médiéval. En contrebas, sur un beau sentier dominant la mer, un tombeau lycien témoigne de la présence de ce peuple antique. De là-haut, la vue sur les îlots qui s’égrènent le long de la côte est magnifique. Pour les rejoindre, il faudra choisir entre kayak et bateau taxi. Le plus visité d’entre eux, Agios Giorgos, est une halte des plus agréables. Après avoir posé sa serviette à l’ombre de la petite église, il ne reste plus qu’à se mettre à l’eau et nager à la découverte d’amphores antiques.
C’est encore par la mer que se découvre le joyau de l’île. Après trente minutes de navigation vers le sud, la barque se dirige droit sur une falaise tombant à pic dans les eaux cristallines. On devine à peine l’ouverture dans le rocher qui apparaît et disparaît au gré des vagues. Soudain, le capitaine fait signe de se baisser, plus aucune tête ne dépasse. En se redressant, la magie opère et offre le spectacle d’une immense cathédrale marine nimbée d’une lumière bleu saphir : la grotte bleue de Kastellorizo est une splendeur géologique.
Le soleil se couche sur le port Kastellorizo et le ferry repart. Petit à petit, l’agitation se dissipe, les voyageurs se dispersent sur le quai traînant leurs valises et les commerçants retournent à leurs échoppes les bras chargés de colis. Les enfants jouent et plongent depuis le quai à la rencontre des tortues de mer sous le regard amusé d’un couple attablé autour d’un ouzo et d’un poulpe grillé.
Kastellorizo ne laisse personne insensible, une nuit sur l’île suffit à inspirer David Gilmour, le chanteur et guitariste de Pink Floyd. On an Island, son troisième album solo est un hommage à l’île et en particulier le morceau d’ouverture Castellorizon dont les riffs plongent le voyageur dans une atmosphère envoûtante.